Dans les coulisses du 21 juillet 2023

Dans les coulisses du 21 juillet
À l'occasion de la préparation du défilé aérien de la Fête nationale 2023, j’ai pu assister au briefing d'un vol de répétition des équipages des trois A400M du 15e Wing qui intégreront le dispositif cette année. Ce briefing était donné le 19 juillet par 'Joe', commandant aviateur, pilote d'A400M, qui m'a accordé cet entretien.

Commandant, quelle est l'importance de ce vol de répétition dans le dispositif du défilé de la Fête nationale ?

Vu que les timings au-dessus du palais sont très stricts - on parle ici de deux à trois secondes - et qu'il y a beaucoup d'avions et d'hélicoptères différents qui volent à des altitudes et à des vitesses différentes, il est important de voir si le plan prévu se déroule correctement et de s'entraîner par rapport à des points de repère auxquels nous ne sommes pas habitués vu que nous ne survolons jamais Bruxelles à très basse altitude. En général, les rehearsals s'effectuent uniquement avec les leaders de chaque formation, ce qui garantit une certaine sécurité puisque le dispositif est plus petit, tout en voyant si cela passera avec les formations au complet. Exceptionnellement, ce n'est pas le cas ici pour les A400M. Nous volerons à trois car nous profiterons de l'occasion pour nous entraîner au vol en formation et faire passer des qualifications. L'objectif de ces répétitions est également de voir si les formations se suivent de manière fluide tout en conservant une certaine marge de sécurité. Nous devrons, par exemple, nous assurer que nous ne rencontrerons pas de problèmes de turbulences lorsque nous dépasserons les Marchetti et les A109.

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Lors des répétitions, vous utilisez alternativement un circuit au sud de Bruxelles et un circuit au nord. Généralement, lors du défilé, c'est la route nord qui est privilégiée. Pourquoi ?

En fait la route nord entraîne moins de nuisances pour la population des zones survolées, surtout par rapport à nos circuits d'attente (holding). Pour les A400M, il se situe entre Bruges et Moorsele. Nous volons juste à côté de la zone d'Ostende mais nous ne pouvons pas voler trop bas car nous devons laisser un passage pour les F-16. Nous ne pouvons pas non plus trop nous éloigner. Et il y a d'autres paramètres à prendre en considération, par exemple une ferme d'élevage d'autruches que nous ne pouvons pas survoler trop bas pour ne pas les perturber. Ça peut donc être assez compliqué. Les Marchetti et les hélicoptères qui décollent de Beauvechain empruntent par contre la route sud.

Lorsque vous quittez le circuit d'attente commence une longue ligne droite, quasiment depuis la côte jusqu'à Bruxelles.

Oui, nous nous mettons directement dans l'axe car comme nous évoluons avec différentes formations parfois importantes, nous limitons au maximum les virages. Les dernières corrections peuvent encore être apportées mais le but est d'arriver au point initial (IP), au sud d'Alost, en position, à la bonne altitude et dans le bon timing.

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En termes de gestion des vols, est-ce Belga qui prend tout le dispositif en charge ?

En fait, chaque formation décolle sous le contrôle de son propre aérodrome. Ensuite, Belga prend le relais dans les circuits d'attente et dans la partie du vol où le dispositif se forme. Mais comme nous devons traverser la CTR de Brussels Airport et que le trafic aérien civil n'est pas entièrement interrompu, la CTR est scindée en deux et la partie sud dans laquelle nous évoluons est gérée par Beauvechain. L'axe au-dessus du palais a également été choisi pour ne pas interférer avec les opérations de Brussels Airport. Donc, lorsque nous arriverons à Alost, l'approche de Beauvechain prendra en charge les différents aéronefs, les guidera vers Beauvechain après le passage devant la tribune et les orientera ensuite vers leurs bases respectives. Les A400M se placeront dans un autre circuit d'attente dans la région de Saint-Trond puis rejoindront Melsbroek, guidés par l'approche de l'aéroport.

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Le coup d'envoi du défilé aérien est généralement donné lorsque le roi prend place à la tribune. Que se passe-t-il s'il y a du retard sur l'horaire prévu ?

Il y a deux personnes au sol qui ont une vue sur le planning du roi. Si l'arrivée du roi est retardée, son aide de camp en informera la personne responsable de la Composante Air qui contactera Belga. Le retard annoncé sera de minimum 2 minutes, ce qui correspond au temps nécessaire pour faire un 360° dans le circuit d'attente. Il ne pourra en tous les cas pas excéder 25 minutes car cela commencera à poser des problèmes de carburant pour les F-16. Le défilé commencera à passer devant la tribune à 16h12 et dès 15h47, les formations quitteront les circuits d'attente pour se diriger vers Bruxelles, quoi qu'il arrive. En ce qui nous concerne, notre système calcule le timing au moment où nous devons quitter le holding et le timing à Ruiselede, là où nous effectuons notre dernier virage. Comme il s'agit d'un virage quasi à angle droit, nous pouvons, en fonction des circonstances, le couper plus ou moins avant de nous placer dans l'axe. Le système calcule également le timing à l'lP et, évidemment, le TOT (time over target), le moment du passage face à la tribune.

Le 21 juillet, vous vous présenterez à trois avions en formation serrée. Une configuration qui n'est pas habituelle dans vos opérations quotidiennes.

En effet, d'un point de vue tactique, la formation serrée n'a pas vraiment de sens pour nous, contrairement aux avions de chasse. Nous ne l'utilisons donc que pour le défilé ou d'autres cérémonies. Nous profiterons néanmoins du rehearsal pour faire du vol tactique à trois et des atterrissages en formation à Kleine-Brogel.

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Comment s'effectue le choix des équipages pour ce vol ?

D'abord, nous examinons les disponibilités des personnels. Ensuite, il faut tenir compte des qualifications. Comme l'avion est nouveau, il n'y a pas encore grand monde qui peut prendre la tête de la formation. De plus, nous volerons avec un Falcon 7X, dans une formation d'avions de types différents, ce qui nécessite également une qualification particulière pour le leader. Ensuite, il y a les qualifications des wingmen, notamment pour voler en close formation. À noter que par rapport au C-130, l'A400M dispose de systèmes d'aide à la navigation et au pilotage bien plus précis et qu'il possède aussi une plus grande marge de puissance. Mais comme c'est un avion fly-by-wire, en formation serrée, le ressenti sur les commandes de vol est très différent, ce qui rend les choses un peu plus compliquées.

Deux jours après cette interview, les CT-04, CT-06 et CT-07 ont décollé de Melsbroek pour gagner leur circuit d'attente. Et c'est en formation serrée impeccable qu'ils sont passés devant la tribune royale, selon un timing recalculé en raison de quelques minutes de retard, annoncées conformément à la procédure prévue. Mission accomplie, une fois encore, par les équipages de la Composante Air. Well done!


Interview et photos : Vincent Pecriaux


Tous nos remerciements au commandant aviateur 'Joe', au service PR du 15e Wing et à IPR Comopsair pour les facilités accordées à la réalisation de ce reportage.


 

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