Defense Sol-Air - 1957 - 1991

 

Dans le cadre de la mission de défense aérienne confiée par l’OTAN à ses forces armées, la Belgique décide d’acquérir en 1957 des missiles sol-air américains de type Nike.

Nike Hercules
Un Nike Hercules sur sa remorque à Florennes en 1979

Constitutions et déploiements

Nike HerculesDès novembre 1957, le personnel appelé à mettre en œuvre le nouveau système d’armes est envoyé à Fort Bliss, Texas, afin d’y suivre sa formation. Le détachement belge y demeurera jusqu’en juillet 1959.

La construction des sites définitifs situés en République fédérale d’Allemagne ayant pris du retard, la décision est prise d’installer les nouvelles escadrilles missiles à Elsenborn. Le 3ème Wing d’Engins téléguidés sol-air (3 WETSA) est officiellement créé le 6 octobre 1959. Il se compose de quatre escadrilles (les 50ème, 51ème, 52ème et 53ème escadrilles Missiles) et d’une escadrille de support direct (Direct Support Unit ou DSU). Ses moyens sont répartis entre Elsenborn et Malmedy. Deux mois plus tard, le 3 WETSA est déclaré opérationnel et devient le 1er bataillon de missiles sol-air non américain déployé sur le continent européen.

En 1960, le 3 WETSA prend la désignation de 13 WETSA. La DSU est elle renommée Groupe de Maintenance d’Engins téléguidés et rejoint en 1961 Bierset. L’état-major du Wing ainsi que les 50ème et 52ème escadrilles prennent temporairement leurs quartiers sur la base liégeoise dans l’attente de leur déploiement définitif à Düren, qui interviendra en 1962.

Mille neuf cent soixante-deux voit également la création de l’Unité de Support d’Engins téléguidés sol-air (USETSA). Cette unité regroupe les personnels du Groupe de Maintenance du 13 WETSA et de la DSU du 9 WETSA nouvellement constitué à Bierset. L’USETSA fait rapidement mouvement vers Düren, à l’exception d’un détachement qui reste à Bierset pour assurer le soutien logistique du 9 WETSA en attendant son départ en RFA, en 1964.

La réorganisation des unités Nike en Allemagne s’accompagne d’une redésignation des divers échelons : le 1er septembre 1964, le Groupement d’Engins téléguidés sol-air (GRETSA), qui chapeaute les deux Wings et l’USETSA, prend le nom de Groupement Missiles. Les 9ème et 13ème WETSA deviennent respectivement les 9ème et 13ème Wings Missiles (W Msl). L’USETSA, quant à elle, est redésignée Unité de Support Missiles puis, deux années plus tard, Wing Support Missiles (W S Msl).

Fin 1964, la Force Aérienne belge aligne donc deux Wings Missiles et huit escadrilles:

  • la 50 Esc Msl (13 W Msl), basée à Düren;
  • la 51 Esc Msl (13 W Msl), stationnée à Blankenheim;
  • la 52 Esc Msl (13 W Msl), basée à Euskirchen;
  • la 53 Esc Msl (9 W Msl), installée à Kaster;
  • la 54 Esc Msl (escadrille Ecole, 13 W Msl), stationnée à Soller dans l’attente de son déploiement à Xanten (1971);
  • la 55 Esc Msl (9 W Msl), basée à Elsenborn avant son transfert à Kapellen-Erft (1967);
  • la 56 Esc Msl (9 W Msl), en transit à Elsenborn avant son redéploiement à Grefrath.

Une huitième escadrille rejoindra les autres en 1975. Il s’agit de la 57ème escadrille qui prendra possession des installations de Erle cédées par la Koninklijke Luchtmacht qui vient d’y dissoudre une de ses unités Nike.

Le dispositif belge connaîtra encore quelques modifications. On notera qu’en 1969 la 54ème escadrille est versée au 9 W Msl et que la 52ème obtient, brièvement, le statut d’escadrille école en 1984.

Le système d’armes

Chaque escadrille Nike est divisée en deux zones opérationnelles:

  • La zone de contrôle de tir (Battery Control Area ou BCA) dont les principaux composants sont:
    • Le ou les radars de détection et d’acquisition (Low Power Acquisition Radar ou LOPAR et High Power Acquisition Radar ou HIPAR);
    • un système IFF
    • le ou les radars de poursuite (Target Tracking Radar (TTR) et Target Ranging Radar (TRR)) assurant la transmission des coordonnées de l’objectif au calculateur de tir;
    • le radar de poursuite du missile (Missile Tracking Radar ou MTR) qui fournit au calculateur de tir les coordonnées de l’engin.

Les équipements au sol sont répartis dans trois remorques:

  • le Battery Control Van comprend notamment le calculateur de tir, les écrans de visualisation du radar d’acquisition et un système de transmission automatique des renseignements tactiques entre l’unité de tir et le Centre d’opération du Wing. Ce van est occupé par l’officier de tir et quatre opérateurs.
  • le Radar Control Van regroupe les consoles des divers radars de poursuite. Il accueille cinq opérateurs.

Le Maintenance and Supply Van dispose du matériel et des pièces permettant de procéder à la maintenance des missiles.

Les différents radars et remorques sont reliés par un bâtiment appelé Interconnecting Building. Sur la zone se trouvent également des générateurs d’électricité, des locaux pour le personnel et le poste de commandement de l’escadrille.

  • La zone de lancement (Launching Control Area) qui comprend:
    • une section d’assemblage où s’effectuent l’assemblage et le contrôle des missiles. Cette section comprend une zone de travail, un hangar d’assemblage des sections et un hangar protégé pour le montage des éléments explosifs. C’est dans cette section qu’a lieu également la maintenance deuxième échelon des missiles.
    • des sections de tir équipées chacune de trois rampes de lancement. Les missiles sont amenés vers la rampe de lancement par un système de rails.
    • une remorque de lancement (Launching Control Trailer) équipée d’une console de contrôle de lancement - qui autorise le lancement du missile en cas de rupture de transmission -, d’un central téléphonique et d’un simulateur de vol. Cette remorque abrite trois opérateurs.
    • le Groupe de Contrôle de la Section (Section Control Group), installé dans un abri, contrôle l’état de préparation des rampes et peut, si nécessaire, procéder au tir des missiles.
    • le Launcher Control Indicator contrôle un certain nombre de missiles et actionne les rampes de lancement

Les missiles Nike

En trente ans, la Force Aérienne aura déployé deux types de missiles Nike.

La première version est le Nike Ajax. Il s’agit d’un missile subsonique à deux étages : un étage occupé par un moteur auxiliaire (booster), à carburant solide, et un second étage constitué par le missile proprement dit. La séparation du booster entraîne la mise à feu du moteur du missile, lequel est guidé par le radar de poursuite. Le missile est équipé à l’avant de quatre ailerons mobiles et, à l’arrière, de quatre autres ailerons de plus grandes dimensions et dotés de surfaces de contrôle de roulis. L’Ajax emporte trois charges explosives (à l’avant, au centre et à l’arrière)

Ce missile, développé à la fin des années 40 et dépassé par l’évolution des avions en termes de vitesse et de maniabilité, fera place au Nike Hercules.

Le Hercules est également un missile à deux étages. Son booster, beaucoup plus puissant (173.000 livres), lui permet d’être très rapidement supersonique. Après 3,4 secondes, le booster se sépare du missile, ce qui enclenche la mise à feu du second étage. Celui-ci fonctionne encore 29 secondes permettant au missile d’atteindre une vitesse dépassant Mach 3 ou une altitude de 100.000 pieds. Le missile proprement dit contient un système de guidage, une charge destructive, le système hydraulique et le propulseur. Comme l’Ajax, il est doté de quatre petits ailerons à l’avant et de quatre ailerons plus importants le long du corps.

La charge destructive du missile est une charge à fragmentation conventionnelle. Le Nike pouvait néanmoins être équipé d’une charge nucléaire.

Le Nike Hercules connaîtra une évolution majeure améliorant sa résistance aux contre-mesures électroniques et augmentant sa capacité de détection. Les missiles ainsi modifiés seront désignés Nike Hercules Improved (NHI).

Restructuration et dissolutions

L’évolution des techniques et des doctrines militaires, sans parler des coupes budgétaires, vont en quelques années sonner le glas des unités Nike belges.

En 1985, le Wing de Support Missiles est rebaptisé Groupe Support Missiles (Gp S Msl). Si sa structure reste inchangée, sa mission inclut maintenant l’évacuation des matériels des escadrilles qui sont sur le point d’être dissoutes. Deux premières unités, les 53 et 57 Esc sont démantelées en septembre 1983, suivies par les 52 et 55 Esc le 30 juin 1985. Le répit sera de courte durée pour les escadrilles restantes. Les 51 et 54 Esc sont dissoutes le 1er novembre 1989, la 50 Esc et la 56 Esc, le 30 juin 1990.

Le Groupe de Support Missiles restera opérationnel jusqu’au 1er janvier 1991.


Texte : Vincent Pécriaux
Photos : Daniel De Wispelaere et Vincent Pécriaux
Note: Reproduction interdite sans l'accord préalable écrit de leurs auteurs respectifs


 

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