EBBE - 2007 - Fouga Farewell Party
Fouga Farewell Party : chronique d'une fin annoncée
C'est finalement la date du 27 septembre 2007 qui marquera le retrait du dernier Fouga Magister militaire en service dans le monde. Qu'ils soient pilotes, anciens Diables Rouges, techniciens ou simples passionnés, près de 3 000 personnes se sont données rendez-vous à Beauvechain pour jeter un dernier regard sur l'étonnant petit jet développé par Messieurs Castello et Mauboussin.
Devant le hangar, le MT 35, "The last of the many", est au centre de l'attention et de nombreux anciens ont l'occasion d'apposer leur signature sur ses ailes tandis que partout les souvenirs reviennent à la surface au hasard des rencontres et des retrouvailles.
Les nuages sont bas et la pluie commence à tomber et à perler sur les fuselages et les ailes des Hunter, Starfighter, F-16 et autres Marchetti et Alpha Jet alignés comme à la parade.
Le simple fait que tous ces avions aient été à un moment ou à un autre des contemporains du Fouga donne pleinement la mesure de sa longévité exceptionnelle au sein de la Force Aérienne.
Vers 15h30, l'avion est tracté vers le parking du hangar Marchetti, suivi par la foule. L'instant est solennel et les flashs crépitent dans la pluie qui donne à la scène un air de cortège funèbre.
Le ronronnement des Marchetti vient casser cette étrange ambiance. Quatre appareils s'élancent bientôt dans le ciel uniformément gris. Pendant plusieurs minutes, les petits avions jaunes virevoltent dans tous les sens au-dessus de Beauvechain pendant que le F-16 du Commandant Artiges prend vie lui aussi.
L'heure est venue pour Paul Rorive de grimper une dernière fois dans ce cockpit qu'il connaît si bien. Ses gestes, comme ceux de William Peeters qui fait une dernière fois le tour de l'avion, son précis. Ils traduisent bien l'esprit d'équipe qui les unit. Dernières vérifications, test fumigène et le Fouga s'ébranle dans son sifflement caractéristique et passe devant la foule pour gagner le seuil de piste. Il n'ira pas plus loin.
Victime d'une panne de compresseur, le MT 35 rentre au parking, dans un panache de fumée blanche. Bientôt, les réacteurs s'éteignent et la verrière s'ouvre. Debout dans son cockpit, Paul Rorive s'adresse brièvement à la foule massée autour de lui. L'émotion se lit sur son visage.
Sous les applaudissements des spectateurs, il rejoint les membres du Flight Fouga. Le public s'est écarté. Les pompiers pointent leurs lances et une tempête de neige carbonique recouvre en quelques secondes toute l'équipe.
La cérémonie s'achève. Le Fouga, qui a formé tant de pilotes et suscité tant d'émotions – et peut-être de vocations – par ses démonstrations, a gagné sa place au panthéon de l'aviation. Et ce dernier vol qui n'eut jamais lieu, petit pied de nez de l'histoire, ne sera finalement qu'une simple anecdote dans la carrière de l'appareil, une carrière de 47 ans qui représente plus de 249 000 heures de vol sous les couleurs belges. Un palmarès exceptionnel digne d'une machine hors du commun qui mérite bien son nom de Magister.
Farewell, Whistling Turtle, farewell!
Texte : Vincent Pécriaux
Photos : Vincent Pécriaux - Daniel De Wispelaere
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